Liste valve

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* Préambule

La liste valve est la liste en mixité-choisie des salarié-es des ateliers d'auto-réparation de l'Heureux Cyclage.

Cet article qui est le fruit des réflexions de "la liste valve" a pour ambition de partager des outils et des réflexions avec toutes celles et ceux que cette question turlupine (bénévoles, adhérent-es, administrateur-ices...). Mais surtout l'idée est de laisser une trace "par et pour" les salarié-es des ateliers de vélos d'auto-réparation associatifs. Une mémoire des questionnements que les personnes salarié-es dans les ateliers vélos ont aujourd'hui et/ou ont eu par le passé...

Les questionnements des salarié-es au sein des ateliers sont très larges. Iels sont des travailleur-ses du secteurs associatifs, des travailleur-ses manuels, des travailleur-ses du "care", des technicien-nes, des animateur-ices, des militant-es...

La position de travailleur-ses dans un atelier est soumise à de nombreuses tensions et à de nombreuses contradictions... En effet, sa position est souvent ambiguë car elle se trouve prise en étau entre un Conseil d'administration, des convictions et des besoins personnels, des adhérent-es, des problèmes de financements, des discours plus ou moins normatifs diffusés par les collectivités...

* Quelques chiffres

Secteur associatif en France:

- 23 millions d'adhérent-es, 16 millions de bénévoles, 1, 8 millions de salarié-es (soit 8% de l'emploi en France / 70% des salariées sont des femmes).

- Avec 70 milliards d'euros par an les assos représentent 3, 5% du PIB français. Elles sont financées à 49% par le public et 51% par le secteur privé.

- Niveau de salaires par rapport au secteur privé et public???

Dans les ateliers d'auto-réparation de vélo:

Missions : Coordinateur-ices, animateur-ices, mécanicien-nes, etc.

Nombre de travailleur-se?

Réparatition hommes/ femmes?

Temps partiel? Niveau de diplôme? Niveau de rémunération?

A l'Heureux Cyclage?

Temps moyen en poste? (description des postes: coordinateur-ice, animateur-ice, mécanicien-nes...)

Nombre moyen de personnes dans la structure?

Conventions collectives?

Commission Ressource Humaine dans la structure?

Existence et respect dans la structure d'un "Document Unique d'Évaluation des Risques" (DUER) liées aux conditions de travail dans les assos (obligatoire mais peu respecté)?

=== La question du salaire ===

Selon l'Insee, en 2020, le salaire moyen est de 2238€ et le salaire médian s'élève à 1789€.

Dans le secteur associatif, les emplois sont souvent à temps partiels, moins bien payés que dans le secteur privé et public, largement réalisés par des femmes...

Si le secteur associatif et plus particulièrement les ateliers d'auto-réparation sont les fers de lance de la transformation sociale et environnementale, est-ce que le salaire n'est pas un enjeux ou un levier pour rendre ce secteur plus attractif, soutenable et désirable? Comment valoriser le métier de tel manière que tout les jeunes souhaiteraient travailler à la promotion du vélo? Comment valoriser aussi le métier et les salaires pour lutter contre le "turn over" qui sévissent et épuisent nos structures? Puis, contre la "honte sociale" ("tant d'études pour finir mécano!")? Etc.

(Cf. Brygo Julien, Cyran Olivier, Boulot de merde, Du cireur au tradeur, enquête sur l'utilité et la nuisance sociales des métiers, la Découverte, 2016

A) "Salaire d'appoint".

Le salaire d'appoint c'est un petit salaire qu'on accepte en attendant, parce qu'il n'y a pas autre chose et/ou pour apporter un peu d'épinards aux revenus du/de la conjoint-e. Au début on accepte, l'employeur nous rend service en nous employant, mais le temps passe, et les questions qui se posent sont: "avons-nous bien fait de dévaloriser nos savoir faire, de ne pas demander plus, etc? (Pour plus de précision lire "En découdre, comment les ouvrières ont révolutionné le travail et la société" de Fanny Gallot)

B) Les mots sont importants

-Si le salaire est du travail contre du temps... est ce que le mot "salaire" convient aux salarié-es des ateliers? (Les ouvrier-es ont un salaire. Iels vendent leurs forces de travail pendant un temps donné. Leurs luttes vont porter sur le temps de travail, sur les conditions de travail, sur le rapport argent/temps de travail). L'objectif des ouvrier-es est essentiellement l'amélioration des conditions de travail.

-Les médecins ont des honoraires. Comme la vie n'a pas de prix. On donne pour l'honneur, pour que le médecin maintienne son train de vie. L'objectif du médecin est de garder un bon niveau de vie. Pour lui le rapport temps/travail/argent ne convient pas.

-Les artistes ont des cachets.

-Les fonctionnaires ont/avaient des "traitements". Comme il est impossible de quantifié leur utilité social, l'Etat leur donnait autrefois de quoi vivre décemment. L'enjeux pour les fonctionnaires étaient "la reconnaissance". "On faisait le travail, pas pour l'argent, mais par vocation, pour les valeurs".

Il nous semble que le secteur associatif est hybride et que les travailleur-ses des ateliers sont dans cette complexité... Les salarié-es sont souvent en demande de considération, de reconnaissance. En quelques sortes beaucoup se payent en "sens". De plus, ils ne luttent pas que pour leurs avantages, mais aussi pour l'association qui les emploie, pour les usager-es, pour des valeurs, pour un monde meilleur, etc. (Cf. luttes de infirmières qui demandent à la fois des améliorations de salaires mais aussi davantage de considération pour leurs métiers et la reconnaissance de l'utilité sociale de leurs métiers: Ne sont elles pas "les premières de cordées" ?)

* Santé/Ergonomie/temps de pause

(Etudes, recherches, mémoires, etc)

  • Chiffres sur les mal aux dos, aux mains, jambes lourdes?
  • chiffres sur la fatigue causée par la charge mentale et les interruptions de tâches?

(Recueil d'affiches sur la prévention des risques)

* Acquis sociaux de salarié-es d'atelier vélos

- Casier individuel (vestiaire)?

-Vélos de fonctions?

- Forfait Mobilité Durable, le dispositif qui remplace l'IKV (indemnités kilométriques vélos)?

-Gants, vêtements, chaussures (équipements individuels de sécurité)?

-Chèque resto?

-Equipements collectifs (Chauffage, rythmes spécifiques pendant les canicules...)?

-Postes de travail adaptés?

-Prise en compte de l'usure des outils ("Quand les outils sont mauvais, ce sont les travailleur-ses qui payent la différence!")

-Cuisine pour le midi ?

-Lieux de pause ?

-Les Rencontres de l'Heureux Cyclage comme temps de travail (temps, frais, déplacement pris en charge par l'employeur)?

-Congés de formation économique sociale et syndicale (12 jours par an) C.F.E.S.S.

=== Les travailleur-ses des ateliers vélos sont-ils des travailleur-ses du "care" comme les autres? ===

Souvent le travail dans l'atelier consiste en accueillir les personnes... Puis, à écouter, accompagner, conseiller, expliquer, guider, soutenir, encourager, préparer l'atelier (ranger, ordonner, nettoyer, mettre en valeur les outils et les documents de l'association), faciliter les rencontres entre les personnes, former, comprendre, adapter les propositions de travail aux compétences de chacun-e, féliciter... Puis, s'effacer (ou être effacer) pour rendre les adhérent-es acteur-ices de leur association...

-Les salarié-es font donc souvent un "travail domestique", un "travail préalable au travail" souvent invisible (ce qui posera plus tard le problème de la reconnaissance)... En cela, on peut dire que leur travail est proche de celui de bibliothécaire, infirmière, esthéticienne, cuisinière, femme au foyer, professeurs des écoles, etc. (Cf. Mémoire d'éducation populaire,"Un atelier participatif et solidaire de vélo et de couture, ce n'est pas que de la couture et du vélo ! (Mémoire sur les activités cachées de l'atelier & sur beaucoup d'autres choses)"

travail invisible

=== "Genres", "Classes", "Races", "Ages", "Handicap" dans les rapports entre salarié-es / employeur-ses ===

Spécificité et question de genre pour les salarié-es des les ateliers. -Problèmes d'ergonomie (hauteur, poids, rapport aux personnes, aux employeur-ses, etc.), harcèlement, sexisme, discrimination, etc. - Collectif, Education Populaire et féminisme: récits d'un combat (trop) ordinaire. Analyse et stratégie pour l'égalité. La Trouvaille, 2016.

Spécificité de classes -Mots clés : "Work fare", "well fare", "transfuge de classes", "les établis", "les premier-es de la classe", "déclassement", "ascension sociale", "insertion", "honte sociale"... (Exemple : on va accueillir quelqu'un-e... Qui ne nous regarde pas et qui demande "où est le patron?"

Spécificité d'âges -Contrats courts pour les jeunes (PEC, Services civiques, peu payés, etc). Premiers emplois. Difficulté à trouver sa place, à être reconnu et légitime face à des ancien-nes plus surs d'elles ou eux.

* Conseils

Scoop/formations/syndicats/rencontres... Exemples de méthodes d'organisations heureuses...

(Le "théâtre forum" est un outil puissant de conscientisation. Une initiation en est faite dans la formation Pédagogie que propose l'Heureux Cyclage).

* Récits

Relations avec les autres travailleur-ses (autres types de contrats... de situations... Par exemple : quelle similitudes avec les (autres) travailleur-ses du "care" (infirmières, couturières, esthéticiennes, éboueur-ses, chiffonier-es, etc)

Et les Services Civiques, les stagiaires, les mécénats de compétences, dans tout ça?

* Ressources:'

Pod cast

Films

Essais:

  • Lily Zalzett, Stella Fihn, "Te plains pas, c'est pas l'usine l'exploitation en milieu associatif", Niet édition, 2020
  • Gori Roland, Lubat Bernard, Silvestre Charles, "Manifeste des oeuvriers. Pour renouveler la pratique des métiers manuels et intellectuels, du geste le plus simple à l'exercice le plus savant", Actes Sud/LLL, 2017
  • Hély Matthieu, "Les métamorphoses du monde associatif", les liens qui libèrent, 2009
  • Benasayag Miguel, Del Rey Angélique, "Eloge du conflit", La découverte, 2012
  • Cassely Jean-Laurent, "La révolte des premiers de la classe, métiers à la con, quête de sens & reconversions urbaines", Arkhê 2017
  • Weber Hélène, Du ketchup dans les veines, pratiques managériales et illusions: Le cas MacDonald", Eres, 2005
  • Gallot Fanny, "En découdre, comment les ouvrières ont révolutionné le travail et la société", La découverte, 2015
  • Crawford Matthew C., "Éloge du carburateur, essai sur le sens et la valeur du travail", La découverte, 2009
  • Simonet Maud, "Travail gratuit: la nouvelle exploitation", Textuel, 2018
  • Ferdinand Malcom, "Une écologie décoloniale, penser l'écologie depuis le monde caribéen", Anthropocène, Seuil 2020
  • Vergès Françoise, "Un féminisme décolonial", La fabrique, 2019
  • Vegès Françoise, Une théorie féministe de la violence, Pour une politique antiraciste de la protection, La fabrique, 2020
  • De Lépinay Adeline, "Organisons-nous! Manuel critique", Hors d'atteinte, 2019
  • Stiegler Barbara, Il faut s'adapter, sur un nouvel impératif politique, Gallimard, 2019
  • Jablonka Ivan, Le corps des autres, Seuil, 2015

Récits:

  • Salé Jules, "L'exploitation à la cool, dans l'enfer de la livraison à vélo", Stock, 2020.
  • Lochmann Arthur, "La vie solide, la charpente comme éthique du faire", Payot, 2020
  • Linhart Robert, "L'établi", les éditions de minuit, 1978
  • Ponthus Joseph, "A la ligne, cahier d'usine", la table ronde, 2019
  • Le Grimm, "Nous n'irons plus pointer chez Gaïa, jours de travail à Kokopelli", Le bout de la ville, 2017

Romans:

  • Louis Edouard, "Qui a tué mon père", Seuil, 2018
  • Sempé Jean-Jacques, Raoul Taburin, Babelio, 1999

Fanzines

  • Anonyme, "Apprendre à se créer des armes. Trajectoires de premières luttes de salarié-e-s du secteur associatif", Infokiosqueshttps://infokiosques.net/spip.php?article1663

Bande-dessinée:

  • Emma, "Des princes pas si charmants et autres illusions à dissiper ensemble"(série un autre regard), Massot édition, 2019
  • Linhart Danièle, Thouron Zoé, "Burn out, travailler à en perdre la raison", La petite bédéthèque des savoirs, 2019
  • Aurel, "La menuiserie, chronique d'une fermeture annoncée", Futuropolis, 2016
  • Tanquerelle Hervé, Benoît Yann, "La communauté [entretiens]", Futuropolis, 2010