Citations vélo : Différence entre versions

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"Pédaler dans la semoule : voyager loin en préservant sa monture". Un couple de cyclotouristes revenant du Moyen-Orient
 
"Pédaler dans la semoule : voyager loin en préservant sa monture". Un couple de cyclotouristes revenant du Moyen-Orient
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"Je me rends à vélo chaque jour à mon travail au CHU. Quelqu’un m’a demandé récemment pourquoi.
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Je pourrais répondre de façon « raisonnable » que le vélo est un moyen de faire de l’exercice physique, ce qui est vrai pour moi : je fais fonctionner mes muscles, mes articulations, mon système cardio-vasculaire, mon système pulmonaire, et que sais-je encore pour une dépense énergétique saine et quotidienne.
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e pourrais m’inscrire dans un discours militant en faveur de l’environnement. Le vélo est certainement LE moyen le plus écolo pour se déplacer. Il ne génère aucune pollution de l’atmosphère, il est silencieux, il ne prend que très peu de place. Plus il est utilisé, plus il fluidifie la circulation. Il respecte totalement les milieux naturels. Sa construction ne nécessite qu’une part relativement faible de constituants nocifs ou de sources d’énergie polluantes.
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Mais ce ne sont pas, à mes yeux, les arguments qui l’emportent en faveur de l’utilisation du vélo. Non, le plus important est ailleurs selon moi, et dans un ailleurs insuffisamment valorisé. Je veux parler de la poésie du vélo. Le vélo c’est une respiration : humer l’air du petit matin (quand les voitures n’empestent pas trop) ou le parfum d’une pelouse fraîchement coupée ou les odeurs de vase de la Loire. A vélo tout est toujours plus beau : en hauteur j’ai une vue qui n’est gênée par aucun écran, le spectacle de la rue me parvient « en direct », ici un parterre de fleurs, là une vieille bâtisse, là encore une jupe qui flotte au vent. Même les sons, les bruits, les musiques me sont accessibles de façon plus nette, plus franche, sans filtre, et si je me plains parfois d’un camion dont le moteur me casse les oreilles, quelques quartiers plus loin je me réjouis du chant des oiseaux.
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Alors bien sûr les sceptiques me diront que je respire aussi les gaz d’échappement, que l’hiver ou sous la pluie ils restent au chaud à l’abri dans leur véhicule où ils peuvent écouter confortablement la radio en stéréo, que les embouteillages ne sont pas la règle toute l’année ni à toutes les heures de la journée, etc. Mais je peux leur répondre qu’aucun des avantages de la voiture ne remplacera le plaisir que j’avais cet après-midi à rouler sur un véritable tapis de pétales de fleurs tombés des arbres et poussés par le vent léger d’avril avant la pluie du soir." François, de Nantes
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« Jeanne hésite une demi-seconde et la voilà partie. En un instant, recommandations, passerelle et autres symboles sont oubliés. Jeanne est toute aux retrouvailles avec son propre corps. Spontanément, en même temps que l’énergie en prend possession, elle en fait l’inventaire. Elle détache le mollet, le genou, la cuisse, les sent qui appuient, fléchissent, se tendent. Elle calcule l’inclinaison du bassin, le balancement des hanches sur la selle encore rétive, l’arc-boutement des épaules et l’arrondi des bras et du guidon, puis le corps ainsi morcelé se reconstitue, se rassemble en une seule pulsion, celle de l’effort unifié, confiant. En quelques tours de roues, Jeanne libère son corps de la tutelle de l’âme pour l’offrir tout entier à la mécanique des os, des muscles bien décidés à manger le macadam, à avaler les distances. Elle ne s’inquiète ni de sa destination ni du paysage, elle plie son corps à la volonté de la vitesse, à l’exigence de la concentration. Jeanne n’est plus qu’un corps sur un vélo, une puissance en mouvement, ligaments tendus, nerfs contractés, avec, pour couronner le tout, en plein cœur de la machine, un sang qui bout, un sang qui se déchaîne en battements glorieux. »
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Noëlle Châtelet, La courte échelle, Gallimard, 1991

Version du 20 décembre 2022 à 06:46

Bonjour, vous pouvez lister ici vos citations autour du vélo, si possible en nommant l'auteurice de la citation :

"À chaque fois que je vois un adulte à bicyclette, je ne désespère plus pour l'avenir de la race humaine." H. G. Wells

"Quand ton moral est bas, quand le jour te paraît sombre, quand le travail devient monotone, quand l'espoir n'y est pas, grimpe sur un vélo et roule sans penser à autre chose que le chemin que tu empruntes." Arthur Conan Doyle

"Les gens qui n'aiment pas le vélo nous ennuient, même quand ils n'en parlent pas." Michel Audiard

"À bicyclette, vous respirez, admirez, entendez la nature elle-même. C'est que le mouvement nous dote d'une sensibilité inconnue jusqu'ici." Maurice Leblanc

"J'aime la bicyclette pour l'oubli qu'elle donne. J'ai beau marcher, je pense. À bicyclette je vais dans le vent, je ne pense plus, et rien n'est d'un aussi délicieux repos." Émile Zola

"La révolution passera par le vélo, camarade. Ha, la bicyclette, elle te permet d'aller cinq fois plus vite que le piéton, tu dépenses cinq fois moins d'énergie et tu vas cinq fois plus loin. Et vérité, je te le dis, camarade, la révolution passera." Julos Beaucarne

"Comme Molière, je voudrais mourir sur selle". Anonyme.

"Pédaler dans la semoule : voyager loin en préservant sa monture". Un couple de cyclotouristes revenant du Moyen-Orient

"Je me rends à vélo chaque jour à mon travail au CHU. Quelqu’un m’a demandé récemment pourquoi. Je pourrais répondre de façon « raisonnable » que le vélo est un moyen de faire de l’exercice physique, ce qui est vrai pour moi : je fais fonctionner mes muscles, mes articulations, mon système cardio-vasculaire, mon système pulmonaire, et que sais-je encore pour une dépense énergétique saine et quotidienne. e pourrais m’inscrire dans un discours militant en faveur de l’environnement. Le vélo est certainement LE moyen le plus écolo pour se déplacer. Il ne génère aucune pollution de l’atmosphère, il est silencieux, il ne prend que très peu de place. Plus il est utilisé, plus il fluidifie la circulation. Il respecte totalement les milieux naturels. Sa construction ne nécessite qu’une part relativement faible de constituants nocifs ou de sources d’énergie polluantes. Mais ce ne sont pas, à mes yeux, les arguments qui l’emportent en faveur de l’utilisation du vélo. Non, le plus important est ailleurs selon moi, et dans un ailleurs insuffisamment valorisé. Je veux parler de la poésie du vélo. Le vélo c’est une respiration : humer l’air du petit matin (quand les voitures n’empestent pas trop) ou le parfum d’une pelouse fraîchement coupée ou les odeurs de vase de la Loire. A vélo tout est toujours plus beau : en hauteur j’ai une vue qui n’est gênée par aucun écran, le spectacle de la rue me parvient « en direct », ici un parterre de fleurs, là une vieille bâtisse, là encore une jupe qui flotte au vent. Même les sons, les bruits, les musiques me sont accessibles de façon plus nette, plus franche, sans filtre, et si je me plains parfois d’un camion dont le moteur me casse les oreilles, quelques quartiers plus loin je me réjouis du chant des oiseaux. Alors bien sûr les sceptiques me diront que je respire aussi les gaz d’échappement, que l’hiver ou sous la pluie ils restent au chaud à l’abri dans leur véhicule où ils peuvent écouter confortablement la radio en stéréo, que les embouteillages ne sont pas la règle toute l’année ni à toutes les heures de la journée, etc. Mais je peux leur répondre qu’aucun des avantages de la voiture ne remplacera le plaisir que j’avais cet après-midi à rouler sur un véritable tapis de pétales de fleurs tombés des arbres et poussés par le vent léger d’avril avant la pluie du soir." François, de Nantes

« Jeanne hésite une demi-seconde et la voilà partie. En un instant, recommandations, passerelle et autres symboles sont oubliés. Jeanne est toute aux retrouvailles avec son propre corps. Spontanément, en même temps que l’énergie en prend possession, elle en fait l’inventaire. Elle détache le mollet, le genou, la cuisse, les sent qui appuient, fléchissent, se tendent. Elle calcule l’inclinaison du bassin, le balancement des hanches sur la selle encore rétive, l’arc-boutement des épaules et l’arrondi des bras et du guidon, puis le corps ainsi morcelé se reconstitue, se rassemble en une seule pulsion, celle de l’effort unifié, confiant. En quelques tours de roues, Jeanne libère son corps de la tutelle de l’âme pour l’offrir tout entier à la mécanique des os, des muscles bien décidés à manger le macadam, à avaler les distances. Elle ne s’inquiète ni de sa destination ni du paysage, elle plie son corps à la volonté de la vitesse, à l’exigence de la concentration. Jeanne n’est plus qu’un corps sur un vélo, une puissance en mouvement, ligaments tendus, nerfs contractés, avec, pour couronner le tout, en plein cœur de la machine, un sang qui bout, un sang qui se déchaîne en battements glorieux. » Noëlle Châtelet, La courte échelle, Gallimard, 1991